Biographie de Gabriel

Gabriel Bouffies un témoin extraordinaire

Gabriel-BOUFFIES

Né en 1892, Gabriel Bouffies, fils unique, est un jeune paysan du Montalbanais. D’abord, il incarne parfaitement cette génération d’enfants ruraux qui a profité de l’école publique et laïque, instaurée par les grandes lois de Jules Ferry entre 1881 et 1882. Son instruction est loin d’être modeste. Il a laissé plus de deux cents lettres, cartes et photographies reçues et envoyées. Ecrivain infatigable, soucieux de témoigner de ce qu’il vit. Jour après jour, il a rédigé jusqu’à sa mort, en décembre 1916, sept carnets. Il se montre également désireux de faire conserver ce qu’il écrit. Avec la correspondance épistolaire de Gabriel, son temps présent devient de l’Histoire.

 

Gabriel offre ensuite l’exemple d’un soldat mobilisé avant la déclaration de guerre. Effectuant son service militaire depuis 1913, il est déjà sous l’uniforme en août 1914. Dès le début des hostilités, il est envoyé avec son unité sur le front de l’est. Il survit aux combats dans cette zone, malgré des combats violents et meurtriers. Dans un village du Tarn-et-Garonne, une femme observe, dès l’automne 1914, que la commune avait déjà perdu au moins sept de ses fils, alors qu’il n’y en avait eu que deux pour toute la guerre de 1870. A la fin du mois de novembre 1914, l’armée française a perdu 454 000 hommes, tués, disparus ou prisonniers4. Durant 27 mois, Gabriel sert presque de manière continue sur le front, changeant de théâtre d’opération régulièrement. Ses lettres en sont donc d’autant plus précieuses. Avec lui, on peut connaître l’évolution des sentiments d’un soldat paysan, semblable donc à la majorité des soldats français de ce temps. Il est aussi un soldat conscient de vivre un phénomène extraordinaire, qu’il entend consigner et relater précisément. Enfin, les conditions de sa disparition permettent de faire prendre conscience de ce que fut cette guerre.

Il arrive à Verdun le 20 septembre 1916. Il disparaît dans la dernière grande attaque française le 15 décembre 1916. Son corps n’a jamais été retrouvé. Il a fallu attendre un jugement du tribunal de Montauban, en… octobre 1921 pour qu’il y ait un acte officiel qui établisse le décès de Gabriel Bouffies. Cet épisode rappelle et nous rappelle que cette guerre est aussi une guerre de la disparition, avec ces deuils impossibles à faire.

Bref, Gabriel Bouffies est à la fois un soldat ordinaire et un témoin extraordinaire.

 

Gabriel Bouffies nous offre l’exemple d’un soldat ordinaire, confronté à une expérience extraordinaire, dont il a parfaitement conscience. C’est justement cette appréhension de vivre un moment exceptionnel qui dépasse sa propre vie, qui le pousse à écrire. Il ne faut pas oublier, évidemment, la nécessité de conserver le lien précieux avec les siens. Le 12 septembre 1916, il arrive à Verdun, en plein cœur de cette bataille monumentale, dont ses lettres nous livrent sa vision.