Carnet 1 – juillet 1914 / octobre 1914

Gabriel vit dans ce carnet le début de la guerre de mouvement. « A 50m les obus ennemis faisaient rage, nous étions assourdis par les détonations. Nous ne savions pas quand les nôtres tiraient. Il arrivait souvent que l’on se cache et c’était notre artillerie qui faisait son action; les balles sifflaient de toutes parts… »

Carnet 4 – Juin / Juillet 1915

« … Une fois arrivés là-haut dans les boyaux, on nous donne des grenades et un poignard. Vers 3h, le bombardement commence jusqu’à 7h sans cesse. A 6h27, nous sortons des boyaux et en avant à la baïonnette. Nous arrivons dans un bond jusqu’aux fils de fer que l’artillerie n’avait pas tous coupés. Alors, avec nos cisailles, on les coupe et nous avançons très vite sous une grêle de balles et d’obus. L’artillerie boche nous fait un tir de barrage et nous inflige de très grosses pertes. Après plusieurs efforts, nous arrivons quelques-uns dans la tranchée ennemie. Nous fouillons partout les abris et il sort des prisonniers en masse levant les bras en l’air pour se rendre… »

Carnet 6 – Janvier / Août 1916

« … Un à un ensuite, on sort pour travailler. On ne s’imagine pas peut-être ce que représente la sortie d’une tranchée, car tant qu’on est dans le boyau profond on se sent à l’abri, on a une  impression de sécurité. Si l’ennemi vient, on est capable de se défendre avec succès, tandis que hors du trou dans la plaine à 80 mètres de l’adversaire qu’on sait à l’affût, ce n’est pas sans émotion qu’on se montre la poitrine nue. Les brumes de la nuit forment une défense légère : si le moindre bruit se produit dans cette zone intermédiaire, une rafale d’obus a vite fait pour s’abattre et les mitrailleuses sont promptes à balayer le terrain. On n’a aucune hésitation à escalader les terres remuées : “Allons-y ! ” dit-on et c’est bien les seuls mots qu’on prononce jusqu’à la fin du travail… »